News Now ? C’est un Google News… En mieux. Pas au niveau du design, plutôt simpliste. Mais au niveau de la satisfaction de ses utilisateurs : ils y passent plus de 14 minutes par jour, contre 7 pour Google News ! La raison ? Il suffit d’aller sur cet agrégateur pour comprendre les astuces de ce concurrent de Google News.
Sur News Now, il n’y a aucune photo. La mise en page est sobre et austère mais très claire. Le site est dense, avec beaucoup d’informations sur une seule page. News Now ressemble en fait à l’ancienne interface de Google News : pas de « pavés » de texte ou de « modules » d’infos, pas de grandes photos accrocheuses avant le snipet, mais une simple liste de titres et snipets regroupés par thèmes (« UK », « World », « Technology… »).
Le deuxième point fort du site, c’est que les informations sont classées par ordre chronologique, de la plus récente à la plus ancienne.
Enfin des infos vraiment classées par récence
D’abord les infos datant de moins de 5 minutes, puis celles qui ont été postées il y a moins de 15 minutes, puis une demi-heure, puis une heure, puis 2 heures, puis 4 heures, etc. Newsnow offre donc une fonctionnalité qui a toujours manqué à Google News, où les infos ne sont pas classées par récence. C’est sans doute ce qui explique le fait que les internautes passent plus de 14 minutes sur ce site (contre 7 minutes environ à Google News, donc) à le passer au crible, ou simplement à le « scanner », ce qui prend du temps parce qu’il y a beaucoup d’informations . De quoi rassasier la soif d’information des « junkies de l’info. »
Avec une telle simplicité, pas étonnant que News Now gagne de l’argent avec son agrégateur. La société ne révèle pas son chiffre d’affaires, mais le site d’info financières Owler estime son chiffre d’affaires à 4,1 millions de dollars en 2018, et le nombre de ses employés à 66. Une estimation qui paraît bien peu élevée, le CA par employés dans les entreprises numérique dépassant généralement 300 000 dollars, et non 62 400, comme c’est le cas ici.
Le « cash disponible » multiplié par 15 en 7 ans
La hausse robuste et régulière du cash disponible (qui passe de 222 000 livres en 2010 à 2,9 millions livres en 2017) laisse entendre que les bénéfices annuels sont à la fois coquets et pérennes. Quant au total de l’actif, il passe de 451 000 à 3,8 millions de livres.
Comment ce concurrent de Google News gagne-t-il sa vie ? NewsNow agrège des liens depuis sa création en 1997 et détient une part de marché de 20%, juste derrière… Google News. Il séduit plus de 2 millions d’utilisateurs et obtient plus de 100 millions de pages vues par mois.
Même si, actuellement, le site ne propose pas de publicité sur sa home-page (sans doute à cause de la controverse de l’époque au sujet des droits d’auteur des sites d’info), elle en affichait jusqu’à cet été, comme le montre la photo de tête de cet article.
De la « veille média » vendue aux entreprises
Mais elle vend aussi ses services aux entreprises : « Le service gratuit que nous fournissons est en partie financé par des publicités et en partie par des services d’abonnement », déclarait en 2009 Struan Bartlett, directeur général de ce concurrent de Google News. Il s’agit d’abonnement à un service de veille médias, vendu aux entreprises en quête d’infos sectorielles. Le prix : plus de 1 300 euros par an pour un fil d’actu « sur mesure. »
Pourquoi pas une « SACEM des médias » en France ?
Ce marché semble moins opaque et plus structuré qu’en France, notamment du fait de l’existence d’une sorte de « SACEM » des articles de presse : la NLA (National Licensing Association.) Créée à l’origine par les éditeurs de presse britanniques, elle vend aux entreprises des licences pour exploiter leurs articles déjà parus et les intégrer, par exemple, à des revues de presse ou à des outils de veille média. Son trésor de guerre ? Cent millions d’articles, provenant de 3 600 journaux et magazines et de 2 100 sites d’information. Un trésor très rentable : en 2018, la NLA a perçu pas moins de 51,3 millions d’euros de la part des entreprises qui achètent ses licences, et en a redistribué 43,2 millions aux journaux nationaux, journaux locaux, magazines, et publications non-britanniques (le reste est versé à des organisations humanitaires et couvre ses frais de fonctionnement.)
Paradoxe : malgré cette bonne santé financière, la NLA avait réclamé à News Now, il y a dix ans… des droits d’auteur. Exactement comme la presse française réclame le paiement de ces mêmes droits à Google News. Or, en 2009, la NLA ne réclamait à News Now que 26 050 livres par an (30 000 euros) pour leur service B to B, et 10 000 livres ( 11 600 euros par an) pour l’agrégation de liens.
L’exemple britannique montre que la création d’une SACEM des droits d’auteur de presse pourrait rapporter plusieurs dizaines de millions d’euros à la presse en France -à ceci près, tout de même, que la presse britannique utilisant la langue anglaise, ses contenus sont plus facilement exportables à l’étranger.
Laurent Calixte
BONUS : une video-Mobizen qui montre l’ergonomie du site News Now (sur mobile.)